Il apparaît évident qu’il nous est parfois difficile de nos jours d’être étonné par une photographie, ce phénomène étant certainement lié à la profusion d’images qui nous entourent quotidiennement. Certes, le souvenir d’un proche disparu ou l’empreinte du visage d’un être aimé nous émeut, toutefois, il me semble qu’il soit donné à quelques-uns d’entre nous de créer la puissance et la magie par le biais d’une image, aussi simple soit-elle. 
Albert Sànchez Pinol écrivait que tous les hommes voient, certains regardent et très peu observent. Une photographie peut être ainsi cet instant figé, la trace de cet étonnement soudain et éphémère. L’alliance de l’œil et du regard, le premier étant l’outil plus méthodique, le second étant ce pouvoir sensible et attentif, permet de transmettre à la fois l’effervescence d’une ville grouillante, le souvenir d’un passé tragique, l'effet sublime qu'offre la vue d’un paysage inattendu et la force d’un sourire, du rire d’un enfant. 
Cet essai photographique est certainement le fruit d’une rencontre et lorsque l’on connaît Guillaume, sa personnalité, sa sensibilité ainsi que son penchant cartésien pour construire une image, il est facile de voir que le Japon fut pour lui une découverte des plus riches. Le Japon, par ses couleurs claires et saillantes, ses lignes impartiales et ses formes justes et définies, avait beaucoup à offrir à Guillaume. Il se dégage de ces photographies une indéniable authenticité ainsi qu’une profonde sensibilité. Cet ouvrage nous propose les témoignages d’une présence brève, mais visiblement marquante de ce photographe entièrement abandonné à l’expérience unique que lui offrait le Japon et sa beauté si particulière tout comme le caractère de ce peuple à la fois si discret, voire aussi impénétrable que généreux. 
- Pascale Gagné-Lévesques -
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