L’installation est formée de trois modules d’acier au volume épuré, chacun représentant une photographie de type polaroïd. Le secret de cette œuvre d’art réside dans les milliers de petits trous qui en percent la surface : quand la lumière s’y infiltre, elle révèle l’image d’une barque. Aux yeux du photographe, la barque qu’on abandonne est un symbole de l’adoption d’un territoire. Elle rappelle de façon poétique que plusieurs générations ont choisi de jeter l’ancre au large du parc de l’Îlot-McCartney.
La Barque, nos . 01, 02 et 03
« … qui un jour abandonna son embarcation pour s’établir définitivement. » 

De la photographie | Du photographe
En tant que photographe, il m’importe de conserver ma démarche artistique et la représentation de mon médium dans l’œuvre intégrée au parc de l’Îlot-McCartney.
On retrouve dans cette œuvre une référence au procédé des plus élémentaires de la photographie : le sténopé, petit trou percé dans la paroi d’une camera Obscura, sert d’objectif photographique. L’aspect formel de l‘œuvre est aussi une représentation de la photographie de type Polaroid, référence directe à l’œuvre originale créée en Gaspésie dix ans auparavant. 
L’image de la barque est tirée de mes archives personnelles. Objet créé par l’homme, abandonné dans le paysage, que je présente ici d’une façon esthétique qui le met en valeur.
Une installation in situ | De l’importance de la lumière
Tout comme la photographie, cette œuvre est faite de la lumière du lieu. Lumières des heures, des jours, des saisons. Ce sont toujours des épreuves photographiques différentes que le spectateur contemple. Pour cela, il est pertinent de ne pas intervenir directement sur l’œuvre avec de la lumière artificielle; car sans lumière, il n’est pas de photographie. L’installation, axée est-ouest, est en tout temps livrée à la course du soleil. L’hiver, le tapis de neige vient effleurer la barque, qui semble alors déposée sur celui-ci. 
L’installation est visible des multiples points de vue du parc. Si elle ne délivre pas immédiatement le secret de son image, sa présence intrigante pousse le visiteur à s’approcher.
La disparition
La Barque no.1, 2 et 3 est une image perpétuellement déconstruite et reconstruite. Scindée en trois parties distinctes, elle nécessite un point de vue éloigné et un minimum frontal pour apparaître. La nuit, l’image s’évanouit, laissant sur place le cadre plus abstrait et énigmatique des tirages Polaroid. L’installation est dans ces instants de perte de l’image, purement sculpturale. Plaques d’acier corten évocatrices du passage du temps, volume épuré qui livre son secret en braille aux mains des curieux. 
Un imaginaire partagé
Toute la difficulté de ce projet est pour moi de rester photographe. Les sujets que je photographie révèlent à la fois une curiosité de la forme et une sensibilité du regard sur les traces de l’histoire et celle de l’homme. La Barque no.1, 2 et 3 est à la croisée de l’Histoire, à la croisée des histoires. La mienne, originaire de la Gaspésie, celle d’un peuple de différentes origines, principalement arrivé par la mer, qui un jour abandonna son embarcation pour s’établir définitivement.